Offerte à Eux : le Journal d'une jeune soumise

Cela fait déjà un mois que je me suis privée de vous. J'ai l'impression que je viens tout juste de vous perdre tant ma peine est grande, et pourtant c'est bien la réalité.

Encore aujourd'hui, je suis épouvantée par ce que j'ai provoqué. Mes pensées me rongent et m'obsèdent. Rares sont les instants où mon esprit se trouve serein car tout me ramène à vous.

Au début, je n'osais même pas vous supplier de quoi que ce soit car cela m'aurait semblé très déplacé. Mais maintenant je souffre toujours énormément et cela ne vous fait pas revenir pour autant.

Je rêve de pouvoir vous implorer à genoux de me frapper, de me pardonner et surtout de me récupérer. Ce rôle de soumise reprise n'est certes pas très glorieux mais je sais que j'arriverais à adoucir cette déchirure en me conduisant aussi bien que durant ce petit mois.

Qui plus est, mon désir d'être à vous ne se dissipe en aucune façon. Tous les jours, j'y pense, je me dis que cela pourrait être merveilleux. Lorsque je vous promets de ne plus vous décevoir bassement comme je l'ai si bien fait le mois dernier, j'y crois très sincèrement.

Même si je dois reconnaître qu'un mois ne représente que très peu de temps comparé à la "dangerosité" de mon comportement, je ne peux pas le faire passer plus vite. Pour le moment je me suis très bien tenue à mes engagements vis-à-vis de vous et de moi-même. Malgré tout je vois bien que cela ne suffit pas et au fond, même si cela me mine, je le comprends.

Par moment, le désespoir me prend et je songe à vous téléphoner mais dieu que je crains votre réaction. De même, je pourrais très bien venir jusqu'à chez vous mais cela me terrorise bien trop aussi. J'aurais si peur de mal tomber et de vous exaspérer encore plus que d'ordinaire.

Arrivé à un moment ou à un autre, je sais que je le ferai en me disant que perdu pour perdu, autant que je tente le tout pour le tout.

Comme je ne me mets aucune date butoir pour clore cette attente, je ne sais pas quand cela arrivera. A vrai dire, j'espère que vous reviendrez vers moi avant. Je voudrais tant que ce désir vienne de vous et non d'une pression que je pourrais vous mettre.

Mais je me rends compte que je suis patiente car cela pourrait durer des mois que mon désir de vous retrouver serait toujours aussi violent. Bien sûr, j'aimerais que cela soit court car mon manque de vous devient physiquement et moralement intenable.

En même temps j'insiste sur le fait que je reste "à votre disposition" si je puis dire. Sachez bien qu'il est absolument hors de question pour moi de laisser une autre personne que vous me toucher.

C'est uniquement de vous dont j'ai besoin. Nos jeux et nos ébats me manquent, me revenant fréquemment à l'esprit pour me rappeler encore et encore tout ce que j'ai perdu.

Mais plus que de délicieux amusements, c'est surtout deux personnes formidables et exceptionnelles que je n'ai pas su garder. Si je vous retrouvais, je sais que je serais parfaite. Vous rirez sans doute en lisant cela mais je suis pourtant déterminée à vous offrir le meilleur de moi-même.

Pour cela je sais qu'il m'en coûterait, mais le plus cher est bien votre absence. C'est certainement la pire torture que vous puissiez me faire subir. Vos coups, même cruels et animés d'un désir de vengeance seraient pour moi un magnifique cadeau que je ne cesse d'espérer. 

E.

En rentrant des cours cet après-midi, je me suis empressée, comme chaque jour, d'aller guetter l'éventuel contenu de ma boite mail.

Lorsque j'ai vu qu'il y avait un message, j'ai d'abord pensé qu'il ne pouvais pas provenir d'I. et R. mais rapidement, je me suis apperçue que je faisais fausse route.

C'est alors que j'ai pris peur. Sur le coup, j'ai été plus choquée qu'heureuse. Je ne m'attendais en effet pas à recevoir quoi que ce soit d'eux, donc en voyant cela, une terrible angoisse m'est survenue à l'idée de devoir y lire une éventuelle demande de me voir disparaître.

Par bonheur, je n'ai pas eu à lire ce que je redoutais tant. Au contraire, dans leur extrême bonté, I. et R. ont voulu me rassurer, ce qui finalement a eu un bon effet malgré mon inquiétude préliminaire.

Bien que rien ne soit arrangé, je me rends quand même compte qu'eux aussi pensent encore à moi, ce qui me permet quand même de soulager un peu mon esprit.

Tout me manque d'eux, que ce soit leurs délicieux petits corps, la manière avec laquelle ils s'occupent si bien de moi, mais aussi leurs esprits riches et passionnants. Ce sont de véritables trésors auxquels j'ai eu l'immense plaisir de pouvoir goûter. Le problème, lorsque l'on goûte à de telles perfections est qu'ensuite on désire toujours les retrouver et que l'on a énormément de mal à y renoncer.

C'est d'ailleurs pour cela que je m'attache encore tant à les récupérer. Face à leurs doutes et à leurs appréhensions, je suis évidemment désarmée. J'espère simplement que le temps jouera en ma faveur et qu'il ne desservira pas, au contraire, mes minuscules chances de les retrouver.

Quoi qu'il en soit, j'ai complètement failli à toutes les règles essentielles qui régissent une relation sereine et c'est bien pour cela qu'aujourd'hui, j'en paye chèrement les conséquences.

Payer pour ce que j'ai fait n'est aucunement un problème, j'aimerais d'ailleurs profondément les voir me punir aussi cruellement qu'ils pourraient le juger utile. Pouvoir me repentir et me libérer de cette torture se ferait sans doute par un tel passage.

A vrai dire, je ne sais pas trop ce qui pourrait réussir à tempérer cette situation. Par bonheur, I. et R. sont pleins d'imagination et de fantaisie, ce qui mêlé au vice et au désir de vengeance pourraient sans doute leur donner d’excellentes idées de sévices.

Malgré tout, je ne m'emballe pas car il n'était pas du tout question d'un potentiel pardon. Cependant, il y a quand même un aspect positif qui demeure évident. Comme je l'ai dit, I. et R. prennent la peine de me lire sans chercher à me rejeter définitivement. Bien sûr, je ne suis toujours pas rassurée, mais je peu au moins me raccrocher à cela.

A vrai dire je n'ai plus le choix. Je suis bien forcée de me consoler avec le peu qui me reste. En tout cas, mes propriétaires me manquent affreusement et leur absence me coûte énormément. Je suis comme un animal abandonné. Hier je me suis surprise à désirer être leur animal de compagnie. C'est sans doute curieux mais à leur pieds, je suis heureuse.

E.

Afin d'être fidèle à ce que je désire être pour I. et R., à savoir leur soumise, je m'impose au quotidien, et cela de mon plein gré, les règles suivantes.

En effet, j'essaie d'avoir le comportement le plus approprié à celui que mes propriétaires auraient sans doute aimé que j'adopte. Pour commencer, je ne cherche plus à aguicher les personnes qui m'entourent, ni même à sembler accessible ou disponible. D'une certaine manière, je porte avec fierté cette soumission que j'aimerais tellement leur offrir.

En outre, je m'efforce de prendre soin de moi de façon à être désirable et attirante pour le jour tant espéré où I. et R. reviendraient vers moi.

De même, avant d'envisager une potentielle sortie, je m'assure que celle-ci ne m'aurait pas été refusée si mes propriétaires voulaient encore de moi. Au cas où je jugerais qu'une sortie est conforme à ce qu'ils auraient pu décider pour moi, alors je la leur soumettrai par mail afin de les prévenir même si je n'obtiendrai probablement pas de réponse en retour. Naturellement, je ne leur dissimulerai pas de manquement à ces principes pour la simple et bonne raison que je n'aurai rien à leur cacher.

Par ailleurs, je ferai en sorte d'être la plus disponible possible en prenant notamment soin de garder mon téléphone proche de moi et en l'allumant dès que je le pourrai.

Pour finir, il va s'en dire que je les attendrai durant tout le temps qui pourrait leur être nécessaire à me désirer à nouveau. Cependant, si un jour je cessais de vouloir les retrouver pour les raisons profondes qui m'attachent à eux actuellement, alors je ne persisterai pas par habitude ni par défi. Quoi qu'il en soit, je sais pertinemment qu'une telle situation n'est pas prête de se produire. Après tout I. et R. sont uniques et ont toutes les qualités pour me faire vibrer et me rendre heureuse, ce qui explique pourquoi ne plus les désirer me semble vraiment pure utopie.

E.

Je me suis finalement décidée à entreprendre la lecture du livre de Mélanie Müller, Frappe-moi. De nombreuses parties du livre ont réveillées ma libido qui demeure assez perturbée depuis la déchirure avec I. et R.. Cependant, au delà de cet aspect salvateur de ma lecture, je me suis également confrontée à la réalité de mon existence. En effet, ce récit m'a rappelé toutes mes envies que j'aurais tendance à enfouir au plus profond de mon esprit pour ne pas souffrir de l'absence de mes propriétaires. C'est ainsi que je me suis retrouvée en larmes, consciente que la réalisation de mes fantasmes et de l'assouvissement de mes désirs sont plus que compromises. Cela me peine énormément au point que j'en arrive à m'abhorrer au plus haut point. Je ne cesse de me répéter que cette terrible situation est liée à mes seules erreurs, ce qui en plus m'oblige à ne m'en prendre qu'à moi-même. Je m'en veux terriblement et je regrette infiniment d'avoir ainsi massacrée notre relation. I. et R. me manquent affreusement et je ne vis plus que dans l'espoir de les retrouver. J'aimerais qu'ils me frappent et qu'ils me torturent jusqu'à expier enfin cette immonde douleur qui me consume corps et âme. Je vis vraiment très mal leur absence et leur silence. En effet, au bout de ces deux semaines de souffrance extrême, mon chagrin ne tarit pas, tout comme mon angoisse de ne plus jamais les revoir.

E.

Il m'arrive assez fréquemment de trouver des liens entre les fondements du sadomasochisme et la philosophie. En effet, le professeur a posé à ma classe une question qui me laisse plus que songeuse, à savoir "peut-on à la fois obéir et être libre". Chacun peut bien sûre en penser ce qu'il veut mais pour ma part, je considère qu'obéir et appartenir à d'adorables Maîtres comme I. et R. m'a offert une très étonnante liberté spirituelle. Bien au contraire, leur perte m'emprisonne dans les méandres de ma conscience, ce qui est tout ce qu'il y a de plus difficile à vivre.

E.